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c’est l’amour. « Pour ce globe, l’amour est la vraie raison d’être ; tant qu’on aime, il ne peut mourir. » (Grainville.) Telle la terre et tel l’homme. Comment peut-il finir, quand il a tellement en lui cette profonde raison de durer ? Comment, enrichi de tendresse, de charité, de toute sympathie, aurait-il amassé ce trésor de vitalité, pour voir briser tant de cordes vibrantes ?

Donc celle-ci n’a pas peur de Dieu. Elle avance paisible vers lui, et ne voulant que ce qu’il veut, mais sûre de la vie à venir, et disant : « Seigneur, j’aime encore. »




Telle est la foi de son cœur. Cela n’empêche pas que la faiblesse de l’âge, du sexe, n’agisse parfois et qu’elle n’ait des heures de mélancolie. Alors, elle va voir ses fleurs, leur parle et se confie à elles. Elle pacifie sa pensée dans cette société discrète, qui n’est pas importune, qui sourit et se tait. Du moins, les fleurs parlent si bas qu’on a peine à entendre. On croirait voir en elles des enfants silencieux.

En les soignant, elle leur dit : « Mes chères muettes ! À moi qui vous dis tant de choses, vous pourriez avoir confiance. Si vous couvez un mystère d’avenir, parlez, et je n’en dirai rien. »

À quoi, l’une des plus sages, vieille sibylle des