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Sauver les autres, c’est se sauver soi-même. Grande douceur pour un cœur blessé d’exercer cette puissance, de se guérir en guérissant. Une femme qui a un grand deuil, de vifs chagrins, de grandes pertes, ne sait pas toujours assez que ce fonds de douleur, c’est (permettez-moi le mot) une merveilleuse pharmacie pour les maux des autres. Une mère a perdu un enfant. La dame y va, et elle pleure. La mère n’ose presque plus pleurer, songeant que la dame a perdu tous les siens, et reste seule. Et, elle, dans ce malheur du jour, elle a pourtant la douceur de voir encore autour d’elle une belle et brillante famille. Elle a son mari ; elle a les consolations d’un amour ravivé, réveillé par les pertes même. Elle se compare, et dit : « J’ai beaucoup encore ici-bas. »




Nous marchons vers des temps meilleurs, plus intelligents, plus humains. Cette année même, l’Académie de médecine a discuté une grande chose, la décentralisation des hôpitaux. On détruirait ces lugubres maisons, foyers morbides, imprégnée des miasmes de tant de générations, où la maladie et la mort vont s’aggravant, se décuplant, par un terrible encombrement. On soignerait le pauvre