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fortune. Il n’y eut jamais meilleur ménage. Elle arriva à la mort aimée, pure et honorée.




La pire destinée pour la femme, c’est de vivre seule.

Seule ! le mot même est triste à dire… Et comment se fait-il sur la terre qu’il y ait une femme seule ?

Eh quoi ! il n’est donc plus d’hommes ? Sommes-nous aux derniers jours du monde ? la fin, l’approche du Jugement dernier nous rend-elle si égoïstes, qu’on se resserre dans l’effroi de l’avenir et dans la honte des plaisirs solitaires ?

On reconnaît la femme seule au premier coup d’œil. Prenez-la dans son voisinage, partout où elle est regardée, elle a l’attitude dégagée, libre, élégamment légère, qui est propre aux femmes de France. Mais, dans un quartier où elle se croit moins observée et se laisse aller, quelle tristesse, quel abattement visible ! J’en rencontrai l’hiver dernier, jeunes encore, mais en décadence, tombées du chapeau au bonnet, un peu maigries, un peu pâlies (d’ennui, d’anxiété ? de faible et mauvaise nourriture ?). Pour les refaire belles et charmantes, il eût