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administration, chargée de tant de choses générales, ne peut pas aisément entrer dans l’information minutieuse que ceci demanderait, chercher souvent au loin des renseignements, suivre pour une seule personne une correspondance délicate et coûteuse. C’est ici qu’il faudrait la providence d’une dame de cœur, de vertu éprouvée.

Si la prison est dans une grande ville ou pas bien loin, elle y chercherait de l’ouvrage au mari, les rapprocherait ainsi, de sorte que la prisonnière eût le bonheur de sa visite tel jour du mois qu’indiquerait l’intelligente protectrice.

La femme n’est qu’amour. Rendez-le-lui, vous en ferez tout ce que vous voudrez. Elles en valent la peine ; elles conservent beaucoup de ressort, sont parfois exaltées et très-bizarrement amoureuses, mais jamais apaisées, comme l’homme, ni ignoblement aplaties. Celle qui leur donnerait un éclair de bonheur, en serait tellement aimée et adorée, qu’elle mènerait, tout comme elle voudrait, ce faible troupeau.

Madame Mallet le sent très-bien. C’est là le grand moyen de discipline, de régénération. Elle veut qu’on en use, que la prisonnière reçoive son mari. Mais elle y met de telles entraves et tant de gênes, que se revoir ainsi, c’est peut-être souffrir encore plus.