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qu’il faut, c’est l’air, le travail, le travail fatigant. Et, pour le prisonnier marié, il faut lui rendre ce que nul n’avait droit de lui ôter : le mariage.

Je soumets aux jurisconsultes, mes illustres confrères de l’Académie des sciences morales, la question suivante : La loi, en condamnant cet homme à la prison, en supprimant les effets civils de son mariage, entend-elle le condamner au célibat ? Pour moi, je ne le crois nullement.

Et ce que je sais certainement, c’est que l’autre conjoint, innocent et non condamné, conserve son droit immuable.

Plusieurs de ces infortunés tiennent extrêmement à la famille et continuent de lui faire les plus honorables sacrifices. J’ai vu, au Mont-Saint-Michel, un prisonnier, chapelier très-habile, qui, du fond de sa prison, en se privant de toute chose, travaillait pour nourrir sa femme, et qui attendait impatiemment l’heure de se réunir à elle.

L’Église catholique croit le mariage indissoluble, donc son droit permanent. Comment n’a-t-elle pas réclamé ici au nom de la religion, de la morale, de la pitié ?

La chose, je le sais, a des difficultés pratiques. Il y faut un sage arbitraire. On ne peut indiscrètement introduire chez la prisonnière un mari pervers, corrupteur, qui a pu la mener au mal. Une