Page:Michelet - La femme.djvu/421

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui sait la destinée, qui a manié plus d’un cœur, qui connaît mille secrets délicats dont les hommes ne se douteront jamais.




« Croyez-vous donc qu’on trouvera beaucoup de dames si dévouées, si courageuses, pour visiter souvent ces sombres lieux, pour affronter le contact de ces tristes créatures ? Sans doute, c’est beaucoup de sentir que l’on fait le bien. Cependant, il faut là bien de la force pour persévérer. »

J’ose dire qu’on le trouvera, cet appui nécessaire, non dans le cœur seulement, mais dans l’esprit. Pour une intelligence haute, pure, éclairée, qui par l’âge arrive aux régions d’où l’on domine, c’est une étude merveilleusement instructive, émouvante au plus haut degré, de lire dans ce livre vivant. Laissez-moi là vos drames et vos spectacles, le grand drame est ici. Réservez donc votre intérêt, vos pleurs. Toute fiction pâlit en présence de telles réalités, — si fortes, hélas ! si délicates aussi ; ce sont des destinées de femmes. Ces fils que je vous mets, madame, dans vos bonnes mains, n’est-ce pas un bonheur d’en éclaircir doucement les ténébreux écheveaux ? et, s’il était possible à votre