Page:Michelet - La femme.djvu/420

Cette page a été validée par deux contributeurs.

propose pourtant cette dame ? D’aggraver cet état qui fait des folles, en les mettant dans des cellules. Là elles seront catéchisées par l’aumônier.

En général, que leur apporte-t-il ? de vagues généralités (Mallet). Il ne varie pas sa parole selon les classes et les personnes. L’ouvrière n’y trouve qu’ennui, la paysanne n’entend pas un mot. Peut-on parler de même à la fille vicieuse, endurcie dans le mal, et à la fille violente, nullement vicieuse, qui a frappé un mauvais coup ? Le meilleur aumônier, qui fait profession d’ignorer l’amour, le monde et la vie, est-il propre à comprendre des précédents si compliqués, des situations si diverses ? Combien moins les religieuses, qu’on employait pour surveillantes ! Madame Mallet, qui les recommande, avoue qu’elles n’y comprennent rien, qu’elles haïssent les détenues, n’ayant aucune idée des circonstances qui les ont menées là, des tentations de la pauvreté, etc.

Tout membre de corporation, par cela seul, est moulé dans un certain moule général, et il a infiniment moins le sens du spécial, de l’individuel, qui serait tout dans cette médecine des âmes. L’homme, même laïque, avec notre uniformité d’éducation, etc., y convient bien moins que la femme. J’entends la dame du monde, qui a de l’âge et de l’expérience, qui a beaucoup vu et senti,