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et tendre créature, à la protection maternelle d’une classe, bien malheureuse et la moins consolée des femmes. Je parle des femmes elles-mêmes.




Les femmes, qui savent si bien ce que souffre leur sexe, devraient s’aimer, se soutenir. Mais c’est le contraire. Quoi ! l’esprit de concurrence, les jalousies, sont donc bien fortes. L’hostilité est instinctive. Elle survit à la jeunesse. Peu de dames pardonnent à la pauvre ouvrière, à la servante, d’être jeunes et jolies.

Elles se privent en cela d’un bien doux privilège que leur donnerait l’âge (et qui vaut l’amour presque), celui de protéger l’amour. Quel bonheur pourtant d’éclairer, diriger les amants, de les rapprocher ! de faire comprendre à ce jeune ouvrier que sa vie de café lui est plus coûteuse, plus fâcheuse en tous sens que la vie de famille. Souvent un mot suffit d’une personne qui a ascendant, pour faire naître l’amour, ou pour le raffermir. Bien des fois j’ai vu le mari se figurer qu’il s’ennuyait, s’éloigner de sa femme. Un éloge fortuit qu’il entendait en faire, un mouvement d’admiration qu’il surprenait, l’exclamation d’un tiers qui enviait son bonheur, c’était assez pour lui faire voir ce que