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Eh bien, dans la société, cette mère fantasque des esprits, il y en a beaucoup qui avortent (et non pas des moindres), parce qu’elle ne les a jamais baisés, favorisés, encouragés. On ne sait comment cela se fait. Personne ne leur en veut ; mais, dès qu’ils hasardent un mot timidement, tout devient froid ; on passe outre, on n’en tient compte, ou bien on se met à rire.

Cet homme noué, repoussé, prenez-y garde, il peut se faire que ce soit un génie captif. Oh ! si, à ce moment-là, une femme autorisée par l’esprit, la grâce, l’élégance, relevait le mot (parfois fort, parfois profond) qui échappe à ce paria, si, le reprenant en main, elle le faisait valoir, montrait aux distraits, aux moqueurs, que ce caillou est un diamant… une grande métamorphose serait opérée. Vengé, relevé, vainqueur, il pourrait parfois montrer qu’entre ces hommes lui seul est homme, et le reste un néant.