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Cette royauté de bonté illumine son salon comme d’un doux rayonnement. Elle encourage l’homme spécial, que les beaux diseurs faisaient taire, et qui, sous le regard d’une femme d’esprit qui l’autorise, prend une modeste fermeté. Alors la conversation n’est point le vain bavardage que nous entendons partout, l’éternel sautillement où les cerveaux vides ont tout l’avantage. Lorsque l’homme de la chose a bien posé la question, sans développement prolixe et sans pédantisme, elle ajoute un mot de cœur, qui souvent l’éclaire lui-même, donnant et chaleur et lumière à ce qu’il a dit, le rendant facile, agréable. On se regarde, on sourit. Tous se sont entendus.




On ne sait pas assez que parfois un simple mot d’une femme peut relever, sauver un homme, le grandir à ses propres yeux, lui donner pour toujours la force qui jusque-là lui a manqué.

Je voyais un jour un enfant sombre et chétif, d’aspect timide, sournois, misérable. Pourtant il avait une flamme. Sa mère, qui était fort dure, me dit : « On ne sait ce qu’il a. — Et moi, je le sais, madame. C’est qu’on ne l’a baisé jamais. » — Cela n’était que trop vrai.