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sardeuses. Le monde injuste en eût médit. Plus âgée, elle est affranchie, jouit de tous les privilèges d’une liberté honnête. Et il en résulte aussi qu’elle a tout son essor d’esprit, pense et parle d’une manière bien autrement indépendante et originale. Alors, elle devient elle-même.

Les jeunes et jolies femmes ont toute permission d’être sottes, étant sûres d’être admirées toujours. Mais non pas la femme âgée. Il faut qu’elle ait de l’esprit. Elle en a, et elle est souvent agréable et amusante.

Madame de Sévigné dit cela de jolie façon (je cite encore de mémoire) : « Jeunesse et printemps, dit-elle, ce n’est que vert, et toujours vert ; mais nous, les gens de l’automne, nous sommes de toutes les couleurs. »




Cela permet à la dame d’exercer autour d’elle ces aimables influences de société qui sont surtout propres à la France. Qu’est-ce au fond, sinon une disposition bonne et sympathique qu’on sent et qui met à l’aise, qui donne de l’esprit à ceux même qui n’en auraient pas, les rassurant, imposant aux sots rieurs qui se donnent le plaisir facile d’embarrasser les timides ?