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rassure, calme et pacifie. La paix ! la paix ! c’est le vœu, le cri de ces bonnes gens. Ce qu’ils exprimaient naïvement à ce missionnaire de l’Europe qui leur en apportait les arts protecteurs. Les femmes lui disaient ce mot : « Donne-nous le sommeil ! » — Eh bien, ce sommeil, cette paix, cette profonde sécurité, ils les voyaient derrière lui qui s’avançaient sur ses bœufs avec sa maison roulante ; ils les voyaient dans mistress Livingston, entourée de ses trois enfants. Cette vue en disait assez. On sentait bien qu’il n’avait pas amené ce cher nid au monde des lions, sinon pour faire du bien aux hommes.

Si la vue muette d’une femme a cet effet, que sera-ce de sa parole ? de cette puissance d’accent qui pénètre du cœur au cœur ?

La parole de la femme, c’est le dictame universel, la vertu pacificatrice, qui partout adoucit, guérit. Mais ce don divin n’est libre chez elle que quand elle n’est plus l’esclave, la muette de la pudeur, quand le progrès des années l’émancipe, lui délie la langue, lui donne toute son action.




Dans un moment de vraie noblesse et de magnanimité, une femme d’un beau génie a caractérisé,