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ceux qui lui manquent. « Et celui-là ? — Il est malade. — Eh bien, on lui enverra. — Tel autre ? — Il est en voyage. » Elle s’informe ainsi de tous, voulant les avoir ensemble, les rapprocher, les réunir.

La place est grande heureusement, un de ces amphithéâtres de collines, comme en ont certains vignobles qui de haut voient la mer. Le temps est doux. On peut manger en plein air. Un vent tiède règne et favorise le départ des voyageurs ailés qui traversent le ciel. Le jour est court ; quoique peu avancé encore, il semble déjà incliner vers la mélancolie du soir.

Jamais elle n’a été plus belle. Ses yeux rayonnent d’affectueuse douceur. Chacun sent qu’il est vu d’elle, bien voulu, qu’elle pense à lui, à tous. Son tendre regard bénit toute la contrée.

Sa fille lui avait tressé une délicieuse couronne de pampre vert, de délicat héliotrope lilas et de rouge verveine. Couronne royale et féminine qui de loin embaumait l’air. Elle la repoussa d’abord, mais son mari l’exigeait. Il eût voulu mettre sur elle toutes les couronnes de la terre.

Pourtant elle lui semblait triste.

« Qu’as-tu ?

— « Ah ! je suis trop heureuse !

— « Tous nos amis, tous nos parents, y sont…