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action. Elle est plus au sanctuaire de Dieu, j’allais dire, plus près de son cœur.

Ayant l’Amour à ce point, elle a tout, et comprend tout. Elle monte, descend comme elle veut tous les tons de ce clavier immense, dont l’homme n’a le plus souvent que des notes successives. Elle traduit à volonté toutes les manifestations naturelles de Dieu, du grave au doux, du fort au tendre. Elle est souveraine maîtresse dans cet art divin, et elle l’enseigne à l’homme… « Où donc, dit-il, puisa-t-elle tout cela ? où prend-elle ce trésor des choses amoureuses, ce torrent d’enchantements ? » — Où ? mais dans ton propre amour, dans celui qu’elle a pour toi, dans les richesses réservées d’un cœur que nulle effusion, nulle génération ne soulage assez. Un monde en sort tous les jours, et l’infini reste encore.




Si simple en tout, si modeste, qu’elle est pourtant supérieure ! Tandis que toi, l’œil attaché à la terre, à ton travail, tu vas aveugle, jour par jour, sans mesurer la voie du temps ; — elle, elle en sent bien mieux le cours. Elle lui est harmonisée. Elle le suit heure par heure, obligée de prévoir pour toi, pour ton besoin, pour ton plaisir,