Page:Michelet - La femme.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les autres (broderie, fleurs, etc.) méritent à peine d’être comptés. La femme est une fileuse, la femme est une couseuse. C’est son travail, en tous les temps, c’est son histoire universelle.

Eh bien, il n’en est plus ainsi. Cela vient d’être changé.

La machine à lin a d’abord supprimé la fileuse. Ce n’est pas un gain seulement, c’est tout un monde d’habitudes qui a été perdu. La paysanne filait, en surveillant ses enfants, son foyer, etc. Elle filait aux veillées. Elle filait en marchant, menant sa vache ou ses moutons.

La couseuse était l’ouvrière des villes. Elle travaillait chez elle, ou continûment tout le jour, ou en coupant ce travail des soins du ménage. Pour tout labeur important, cela n’existera plus. D’abord, les couvents, les prisons, faisaient terrible concurrence à l’ouvrière isolée. Mais voici la machine à coudre qui l’anéantit.

Le progrès des deux machines, le bon marché, la perfection de leur travail, feront, malgré toute barrière, arriver partout leurs produits. Il n’y a rien à dire contre les machines, rien à faire. Ces grandes inventions sont, à la fin, au total, des bienfaits pour l’espèce humaine. Mais leurs effets sont cruels aux moments de transition.

Combien de femmes en Europe (et ailleurs) se-