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mouvement onduleux et doux, à elle, et son petit pas. Elle ne fait que l’indispensable, et d’un doigt mis sur la bouche, leur fait signe d’être bien sages et de ne pas le troubler.

Que font-ils là, ces enfants ? je suis curieux de le savoir. Ils font une pieuse lecture. Ils lisent les grandes aventures, les audaces et les sacrifices des voyageurs d’autrefois qui nous ont ouvert le globe et ont tant souffert pour nous. « Ce café qu’a pris votre père, le sucre, enfants, que vous mettez dans le lait abondamment, trop peut-être, tout cela a été acheté par l’héroïsme et aussi par la douleur. Soyons donc reconnaissants. Nous devons à la Providence ces providences humaines des grandes âmes qui peu à peu parviennent à relier le globe, l’éclairent, le fécondent, l’amènent ou l’amèneront bientôt, vers l’accord, vers l’unité qu’aurait une seule âme d’homme. » Peu à peu, elle leur dit la communion matérielle (qui en prépare une morale), la navigation, le commerce, et les voies, les canaux, les rails, le télégraphe électrique.

Matérielles ? je me conforme au sot langage du temps. Il n’est rien de matériel. Ces choses sortirent de l’esprit, elles retournent à l’esprit, dont elles sont les moyens, les formes. En mêlant les nations, supprimant les ignorances et les antipathies aveugles, elles sont également des puis-