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devants : « Mon ami, voilà Charles réveillé, Édouard jase ; la petite, depuis longtemps ne dort pas, et elle écoute… Oh ! qu’il est tard !… Il faut que je les habille. »




Temps sombre, ténébreux. Il neige, grand vent. Les oiseaux du Nord, qui ont passé de bonne heure, nous annoncent un grand hiver. Il n’y aura pas de visite. Triste dimanche ? — Point du tout. Où elle est, qui serait triste ? Ce n’est pas la flamme claire du foyer, le déjeuner chaud, qui réchauffe la maison. C’est elle, sa vivacité tendre, qui remplit tout, anime tout. Elle pense tellement aux siens, les aime, et les enveloppe, et les ouate si doucement qu’il n’y a que de la joie au nid.

La joie est doublée par l’hiver. Ils se félicitent du mauvais temps qui les enferme et de la belle journée qu’ils vont passer ensemble. Peu de bruit. Lui, il profite de ce jour pour faire quelque chose de son choix. Il est là, comme au petit tableau du Menuisier de Rembrandt. S’il ne rabote pas comme lui, il lit et relit un livre. Mais en lisant, il les sait là qui, par moments, discrètement, disent un petit mot tout bas. Il sent derrière, sans le voir, par la divination du cœur, ce qui ne fait aucun bruit, son