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C’est surtout dans les éclipses religieuses, quand la tradition du passé pâlit à l’horizon, quand un monde nouveau, compliqué, entravé de sa grandeur même, tarde à s’organiser encore, c’est alors que la femme peut beaucoup pour soutenir et consoler. À l’appui de l’idée centrale qui, se dégageant peu à peu, va apporter l’unité de lumière, elle, sans savoir ce qu’elle fait, elle est l’unité charmante de la vie et de l’amour, et la religion elle-même.

Dans les grandes réunions d’hommes, qui n’ont pas pour objet le culte, dans les concerts populaires de l’Allemagne (à cinq ou six mille musiciens), dans les vastes fraternités politiques ou militaires de la Suisse ou de la France (telle qu’elle fut et sera), la présence de la femme ajoute une émotion sainte. La patrie même n’est pas là, tant que nos mères, nos femmes n’y sont pas avec leurs enfants. Les voici, et l’on y sent Dieu.




Pour ne parler que de la famille, du bonheur individuel, je dirai simplement la chose dans les termes où un bon travailleur l’a dit un jour devant moi : « Elle est le dimanche de l’homme. »

C’est-à-dire, non le repos seulement, mais la joie, le sel de la vie, et ce pourquoi l’on veut vivre.