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n’en durerait pas moins, indestructible comme le monde, dont elle est le charme et la vie.

Que le sentiment de la Cause aimante disparaisse, et je n’agis plus. Que je n’aie plus le bonheur de sentir ce monde aimé, de me sentir aimé moi-même, dès lors je ne veux plus vivre ; couchez-moi dans le tombeau. Le spectacle du progrès n’a plus d’intérêt pour moi. Que l’élan de la pensée, de l’art, soit plus grand encore, je n’en ai plus pour la suivre. Aux trente sciences créées d’hier, ajoutez-en trente encore, mille, tout ce que vous voudrez, je n’en veux pas ; qu’en ferais-je, si vous m’éteignez l’Amour ?




L’Orient, l’humanité dans sa belle lumière d’aurore, avant les âges sophistes qui l’ont ingénieusement obscurcie, était parti d’une idée qui reviendra dominante dans notre seconde enfance, apogée de la sagesse. C’est que la Communion d’amour, le plus doux des mystères de Dieu, en est aussi le plus haut, et que son profond éclair nous rouvre un moment l’infini. Ténébreux chez l’être inférieur (et tels nous sommes d’abord), il est de plus en plus lumière à mesure que cette flamme est illuminée par l’Amour qui l’épure et la sanctifie.