Page:Michelet - La femme.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus vive. Qu’un éclair de bonheur lui passe, elle éclipsera tout.




On ne sait pas assez combien les femmes sont une aristocratie. Il n’y a pas de peuple chez elles.

Quand je passai le détroit, un doux visage de femme, épuisé, mais fin, joli, distingué, suivait la voiture, me parlant, inutilement, car je n’entendais pas l’anglais. Ses beaux yeux bleus, suppliants, paraissaient souffrants, profonds, sous un petit chapeau de paille.

« Monsieur, dis-je à mon voisin, qui entendait le français, pourriez-vous m’expliquer ce que me dit cette charmante personne, qui a l’air d’une duchesse, et qui, je ne sais pourquoi, s’obstine à suivre la voiture ?

« Monsieur, me dit-il poliment, je suis porté à croire que c’est une ouvrière sans ouvrage, qui se fait mendiante, au mépris des lois. »




Deux événements immenses ont changé le sort de la femme en Europe dans ces dernières années.

Elle n’a que deux grands métiers, filer et coudre.