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dont j’aime l’audace et l’énergique austérité : Vous êtes décentralisateur. Et je le suis en un sens, car je veux vivre ; et la centralisation rigoureuse tuerait toute vie individuelle. Mais l’aimante Unité du monde, loin de la tuer, la suscite ; c’est par cela que cette Unité est l’Amour. Une telle centralisation, qui ne la veut ? qui ne la sent, d’ici-bas jusqu’aux étoiles ?

De ce que nous avons quitté la thèse, insoutenable, d’une providence arbitraire qui vivrait, au jour le jour, d’arrêts individuels et de petits coups d’état, est-ce dire que nous ne sentons pas le haut Amour impartial qui règne par ses grandes lois ? Et, pour être la Raison, n’est-ce pas l’Amour encore ? Pour moi, j’en ai le flot puissant qui par-dessous me soulève. Des profondeurs de la vie, je ne sais quelle chaleur monte, une féconde aspiration ; un souffle m’en passe à la face, et je me sens mille cœurs.

Réduire toutes les religions à une tête pour la couper, c’est un procédé trop facile. Quand même vous auriez, de ce monde, effacé la dernière trace des religions historiques, du dogme daté, resterait le dogme éternel. La providence maternelle de Nature, adorée en des milliers de religions mortes et vivantes, de passé ou d’avenir, auxquelles vous ne pensez pas, elle subsiste immuable. Et, quand un dernier cataclysme briserait notre petit globe, elle