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dissement du monde, nous rendent aveugles et brutes, vrais ennemis de nous-mêmes, pour ne pas sentir dès la première fois qu’une communication si tendre est la plus fine jouissance qu’une femme puisse donner d’elle-même.

Ah ! la plupart en sont indignes ! Ils sourient, écoutent à peine, parfois se montrent sceptiques à ces révélations naïves, qui devraient être non-seulement accueillies, mais adorées.

Ce n’est pas chose si nouvelle ; pour les intérêts et pour les affaires, les époux communiquent et se confient. Il faut pour le cœur, pour les choses de religion et d’amour, pour les agitations intérieures et la vie secrète d’imagination, qu’ils prennent aussi confiance. On n’est uni, marié, que par cette chose extrême, définitive et périlleuse : « livrer son dernier secret, et se donner puissance l’un sur l’autre, en se disant tout. »

Ne la laissez pas aller cette chère femme, si elle est un peu malade, si elle a le cœur troublé d’un petit rêve, comme il en vient à la plus pure, ne la laissez pas en défiance de son mari qu’elle aime pourtant. Il vaut bien mieux qu’elle se fie à son indulgence et lui demande conseil, que de livrer ce grand secret (qui au fond n’est rien) à je ne sais quelle personne qui dès lors aura une arme contre elle et contre vous, la tiendra par là, et,