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donner la mort. Elles ont alors des heures, des jours d’agitation cruelle, où elles souffrent elles-mêmes (elles l’avouent) du démon de la contradiction, où tout conspire à leur déplaire, où elles ont besoin de choquer. Il faut compatir, ne point s’irriter. C’est un état très-mobile, et comme au fond, malgré ces aigreurs, il cache une émotion de nature nullement haineuse, il suffit souvent d’un régime un peu détendu, d’un peu d’adresse et d’amour pour changer cette fière personne tout à coup, et la faire passer à la plus charmante douceur, aux réparations, aux larmes, au plus amoureux abandon.

L’homme y doit bien réfléchir. La femme est plus sobre que lui ; l’abus des spiritueux qu’il ne fait que trop, doit le mettre singulièrement en garde contre lui-même. Elle, quand elle est exaltée, violente, c’est le plus souvent la cause la plus naturelle (et au fond la plus aimable) qui l’agite, lui fait piquer l’homme par des mots aigus, des défis. Les Français le savent bien. Il ne s’agit pas d’amour-propre, mais d’amour. Il ne faut pas se heurter front contre front (comme on fait trop en Angleterre). Il ne faut pas rire non plus, ni vouloir un brusque passage de la querelle aux caresses. Mais tourner un peu, louvoyer. Un entr’acte de faiblesse, de relâchement naturel, arrive ; la