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toujours l’épouse humble, obéissante, passionnée pour obéir ; c’est, d’un mot, la femme amoureuse.




L’amour vrai, l’amour profond, se reconnaît à cela qu’il tue toutes les passions : orgueil, ambition, coquetterie, tout s’y perd, tout disparaît.

Il est si loin de l’orgueil, que souvent il passe au plus loin, se place juste à l’autre pôle. Désireux de s’absorber, il fait bon marché de lui, il oublie fort aisément ce qu’on appelle dignité, sacrifie sans hésitation les beaux côtés qu’on montre au monde. Il ne cache rien des mauvais, et parfois les exagère, ne voulant plaire par nul mérite que par l’excès de l’amour.

Les amoureux et les mystiques ici tout à fait se confondent. Dans les uns et les autres, excessive est l’humilité, le désir de se rabaisser pour grandir d’autant plus le dieu ; que ce soit une femme aimée, que ce soit un saint favori, l’effet est le même. Je ne sais quel dévot disait : « Si j’avais pu seulement être le chien de saint Paulin ! » Plus d’une fois j’ai entendu des amants dire la même chose : « Si seulement j’étais son chien ! »

Mais ces ravalements de l’âme, ces voluptés d’abaissement, l’amour ne doit pas les souffrir. Son