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d’hui pour l’Océanie. — Donnez-moi seulement, mon ami, le temps de mettre un chapeau. »

L’Allemande aime, et aime toujours. Elle est humble, veut obéir, voudrait obéir encore plus. Elle n’est propre qu′à une chose, aimer. Mais, c’est l’infini.

Vous pouvez avec l’Anglaise aisément changer les milieux, et, si celui-ci est mauvais, émigrer au bout du monde. Vous pouvez, avec l’Allemande, vivre tout seul, s’il vous plaît, dans une campagne éloignée, dans la profonde solitude. La Française n’en est capable qu’autant qu’elle est très-occupée et qu’on a su lui créer une grande activité d’esprit. Sa forte personnalité est bien plus embarrassante, mais la rend capable d’aller loin dans le sacrifice, même d’immoler la vanité et le besoin de briller.

C’est tout fait pour l’Allemande, qui ne veut rien que de l’amour.

Un esprit ultra-français, très-opposé à l’Allemagne et qui s’en moque à chaque instant, Stendhal fait cette remarque très-juste : « Le meilleur mariage c’est celui qu’on voit dans l’Allemagne protestante. »

Telle il vit l’Allemande en 1810, telle je la vis en 1830, et souvent depuis. Les choses ont pu changer pour les hautes classes et pour quelques grandes villes, non pour l’ensemble du pays ; c’est