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bord, cette chère idole, et que, le voulût-elle ou non, elle planait dans une sphère indépendante de celle où il avait concentré son activité.

Ils exprimaient parfaitement les types que j’ai posés aux chapitres de l’Éducation : « L’homme moderne, essentiellement, est un travailleur, un producteur. La femme est une harmonie. »

Plus l’homme devient créateur, plus ce contraste est saillant. Il explique bien des refroidissements qu’on aurait tort d’expliquer par la légèreté du cœur, l’ennui, la satiété. Ils n’arrivent pas toujours parce que les époux se fatiguent de se retrouver les mêmes, de ne pas changer, mais, — au contraire, parce qu’ils ont changé, progressé en mieux. Ce progrès qui pourrait leur être une nouvelle raison de s’aimer, fait pourtant que, ne retrouvant plus leurs anciens points de jonction, ils n’ont guère d’action l’un sur l’autre et désespèrent d’en reprendre.




Resteront-ils ainsi posés froidement à côté, indifférents, réunis uniquement par les intérêts ? Non, l’écartement augmente. Le cœur prendra parti ailleurs. En France, il est très-absolu, veut l’union