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ris, mort, n’en vit pas moins. Il est ici renouvelé constamment dans son innocent Apis. Il est là-bas, pasteur des âmes, débonnaire gardien du monde des ombres, et votre mort est près de lui. Ne craignez rien, il est bien là. Il va revenir un jour vous redemander son corps. Enveloppons-la avec soin, cette précieuse dépouille. Embaumons-la de parfums, de prières, de brûlantes larmes. Conservons-la bien près de nous. Ô beau jour, où le Père des âmes, sorti du royaume sombre, vous rendra l’âme chérie, la rejoindra à son corps, et dira : « Je vous l’ai gardé. »

La permanence de l’âme, — non vague et impersonnelle, comme dans le dogme d’Asie, — mais de l’âme individu, de l’âme aimée, consacrée et éternisée dans l’amour, la fixité impérissable du moi adoré, la tendre bonté de Dieu lié par les pleurs d’une femme et tenu de restituer, — ce bienfait immense, dès lors, a été reçu de tous. Et il ne passera pas.

Dieu est tenu, mais pour les bons. Il les distinguera des méchants. — Ainsi, pour la première fois, apparaît nettement le Jugement et la Justice divine.

En attendant, travaillons, bâtissons des choses éternelles, perpétuons notre mémoire, parlons aux âges futurs en langue de marbre et de granit. L’É-