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si simple lui prêtent un sens profond de symbolisme astronomique. Et certainement, de bonne heure, on sentit la coïncidence de la destinée de l’homme avec le cours de l’année, la défaillance du soleil, etc., etc. Mais tout cela est secondaire, observé plus tard, ajouté. L’origine première est humaine, c’est la très-réelle blessure de la pauvre veuve d’Égypte et son inconsolable deuil.

D’autre part, que la couleur africaine et matérielle ne vous fasse pas illusion. Il y a ici bien autre chose que le regret des joies physiques et le désir inassouvi. La nature, à cette souffrance, sans doute, avait de quoi répondre. Mais Isis ne veut pas un mâle, elle veut celui qu’elle aime seul, le sien et non pas un autre, le même, et toujours le même. Sentiment tout exclusif, et tout individuel. On le voit aux soins infinis qui se prend de la dépouille, pour qu’un seul atome n’y manque, pour que la mort n’y change rien et puisse un jour restituer, dans son intégralité, cet unique objet d’amour.

« Je veux celui qui fut mien, qui fut moi, et ma moitié. Je le veux, et il revivra. Le scarabée renaît bien, et le phénix renaît bien ; le soleil, l’année renaissent. Je le veux, et il renaîtra. Est-ce que je ne suis pas la vie, et la Nature éternelle ? Il a beau s’éclipser un jour. Il faut bien qu’il me revienne. Je le sens, je le porte en moi. En moi, je l’eus avant