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existe. Ici, c’est la nature même qui est sur l’autel, dans son doux aspect de famille, bénissant la création d’un œil maternel. Le grand dieu, c’est une mère. — Combien me voilà rassuré ! J’avais peur que le monde noir, trop dominé de la bête, saisi, dans son enfantement, des terrifiantes images du lion et du crocodile, ne fît jamais que des monstres. Mais le voilà attendri, humanisé, féminisé. L’amoureuse Afrique, de son profond désir, a suscité l’objet le plus touchant des religions de la terre… Quel ? la réalité vivante, une bonne et féconde femme.

Que c’est ardent ! mais que c’est pur ! Ardent, si on le rapproche des froids dogmes ontologiques. Pur, si on le met en face des raffinements modernes, de nos blêmes conceptions, de la corruption pieuse, du monde de l’équivoque.




La joie éclate, immense et populaire, toute naïve. Une joie d’Afrique altérée, c’est l’eau, un déluge d’eau, une mer prodigieuse d’eau douce qui vient de je ne sais où, mais qui comble cette terre, la noie de bonheur, s’infiltrant et s’insinuant en ses moindres veines, en sorte que pas un grain de sable n’ait à se plaindre d’être à sec. Les petits