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Presque toujours, elles jaillirent des souffrances de l’âme blessée. Sous la piqûre d’un trait nouveau, l’homme, comme un arbre de douleurs, arracha de lui un fruit de consolation nouvelle. Jamais nulle religion n’a mieux témoigné de ceci que celle de l’ancienne Égypte : elle est manifestement la consolation sublime d’un pauvre peuple laborieux, qui, travaillant sans relâche, sentant d’autant plus la mort que la famille est tout pour lui, chercha quelque allégement dans la nature immortelle, se fia à ses résurrections, et lui demanda l’espérance.

Et la nature attendrie lui jura qu’on ne meurt jamais.

L’originalité puissante de cette grande conception populaire, c’est que, pour la première fois, l’âme humaine, la terre et le ciel, associèrent leur triple drame dans le cadre de l’année. L’année ne meurt que pour renaître. L’amour se prit à cette idée, et crut l’éternelle renaissance et la résurrection de l’âme.

Quand je vois, dans les montagnes, tel pic de basalte qui a percé toutes les couches, et domine tous les sommets, je me demande de quelle profondeur immense, et par quelle énorme force, a donc pu surgir ce géant. La religion de l’Égypte me donne cet étonnement. De quelle profondeur jaillit--