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diversifiées à l’infini de créations vivement colorées. Sont-ce des plantes ? des fleurs ? Non pas, des fleurs vivantes, une merveilleuse iris de vies gracieuses, comme fluides, mais organisés, mobiles, actives, ayant des volontés. Il en est tout ainsi du parterre social que le monde féminin présente. Sont-ce des fleurs ? Non, ce sont des âmes.

Pour la plupart, les hommes sensuels et aveugles, tout en louant et caressant, disent : « Ce sont des fleurs… Coupons-les. Jouissons, absorbons leurs parfums. Elles fleurissent pour nos voluptés ! » — Oh ! que ces voluptés auraient été plus grandes, en ménageant la pauvre fleur, la laissant sur sa tige et la cultivant selon sa nature ! quel charme de bonheur elle donnerait chaque jour à qui y verserait son âme ?

Mais diverse est la fleur, diverse est la culture. L’une a besoin de greffe, et qu’on y mette une autre séve ; elle est encore jeune et sauvage. Celle-ci, molle et douce, tout à fait perméable, n’a besoin que d’imbibition ; rien à faire avec elle que d’infiltrer la vie. Telle est plus que fluide, elle est légère, ailée ; sa poussière d’amour vole au vent ; il faut bien l’abriter, la concentrer, surtout la féconder.