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l’être en tout. Elle veut t’aider et te servir, être ton jeune ami, dit-elle. Elle est cela, mais autre chose encore de faible et tendre qu’il faut d’autant plus ménager qu’elle ne veut pas de ménagement. « Moi délicate ? nullement. Moi malade ? jamais. » Elle dit à sa mère : « Tout va bien. » Un jour par mégarde, très-pressé de sortir et retardé par elle, par le soin excessif qu’elle a de ta toilette, tu as parlé trop fort ; voilà le pauvre cœur qui s’est gonflé, et, je ne sais comment, il est venu une larme… Justement, sa mère arrivait. Surprise, elle s’accuse : « Non, maman, ce n’est rien… Il m’a corrigée ; j’avais tort. »




Le travailleur, forcé de s’absenter de longues heures, trouve à cette tristesse la belle et délicieuse compensation d’être tellement attendu, désiré. Qu’elle est touchante, ici, la tienne ! et quel malheur qu’alors tu ne puisses revenir te cacher, assister à son agitation, surtout aux dernières heures. Comme alors tu lirais sur son visage candide, dans ses yeux si parlants, tout ce qu’elle a au cœur pour toi !… Elle n’a besoin de rien dire ! j’entends tout : « Que n’est-il là ; il y a si longtemps qu’il est parti !… Il va rapporter quelque chose ? des nouvelles, de quoi m’amuser ?… Oh ! c’est lui que je