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Elle est bien haut en tout ceci ! avoue-le, mon ami. Mais de toi ! je ne sais que dire. Jet e plains, pauvre serf du corps, je plains notre nature esclave.

Elle, combien noble et poétique ! C’est la poésie du ciel qui est tombée chez toi. Puisses-tu le sentir, et l’entourer d’un digne culte !… Cette frêle et ravissante émanation d’un meilleur monde, elle t’est remise, pourquoi ? Pour te changer et te faire un autre homme. Tu en as grand besoin. Car, franchement, tu es un barbare. Civilise-toi un peu. À ce contact si doux, tu réformeras les dehors. À cet amour si pur, tu sanctifieras le dedans.

Hier encore, tu étais dans une société d’amis bruyants et de plaisir sans gêne, et te voilà avec ta jeune sainte, ta vierge, ta charmante sibylle, qui sait, comprend, devine toute chose, entend l’herbe pousser sous la terre. Elle a toujours vécu à un foyer si harmonique, doux et réglé, silencieux. Ta force jeune, ta vivacité mâle, lui plaisent fort, mais l’ébranlent. Ton pas résolu, ton allure un peu brusque en fermant portes ou fenêtres, étonnent son oreille. Sa mère allait si doucement ; son père parlait peu, à voix basse. Ton éclatante voix, de timbre militaire, bonne pour commander des soldats, au premier jour, la faisait tressaillir, je ne dis pas trembler ; car elle souriait tout de suite.

Adoucis-toi pour ta douce compagne. Elle veut