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d’amour, oh ! son cœur fond, à elle, et, dans son attendrissement, elle paye surabondamment de caresses, de baisers, de larmes, et le comble, et l’enivre. Elle ne compte plus avec lui, se donne en cent choses charmantes, bref, rend la sagesse impossible. Le vertige l’emporte. Il prend dans le remords la volupté amère. Mais, n’ayant de l’amour que le côté sublime, elle, dans la douleur, elle goûte la divine unité.




Situation nullement rare, qu’une fatalité sensuelle ne prolonge que trop, parfois des semaines et des mois, au grand péril de la victime dévouée. L’un en est attristé, humilié, plein de regrets, et n’en pèche pas moins. L’autre est fière et pure, courageuse ; mais elle exige qu’on ne consulte pas. Le seul remède qu’on n’ose dire serait, si le mari est militaire, marin, un ordre de départ, les arrêts pour un mois, que sais-je ? Mais quel serait le désespoir ! Au premier mot d’absence, elle éclate, elle pleure… « Que je meure ! peu importe ! C’est mourir que de te quitter. »