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trograde, combattront l’amour heure par heure…

« Nature dit : En avant !… Enlève donc ta femme ! Sans rompre ses liens de famille, vis avec elle à part. Plus sa famille est loin, plus ta femme est à toi. Plus aussi tu as ce devoir, ce bonheur, d’être tout pour elle. Tu ne peux pas la négliger. Tu es son père, et jour par jour tu engendreras son esprit. Tu es son frère pour la soutenir de causerie amicale et de douce camaraderie. Tu es sa mère pour la soigner en ses petits besoins de femme, la caresser, la gâter, la coucher. Sous ta main maternelle, autant que conjugale, elle croira, souffrante, retrouver son berceau. Et, par toutes ces choses minimes, humbles, enfantines, enveloppant la chère enfant, tu l’élèveras d’autant plus avec toi aux aspirations de l’avenir. »




Cela est un peu dur, mais vrai, mais grave. C’est la loi même du mariage. Donc, elle aura des heures de solitude. Elle en a, dès le lendemain. Car, comme on se croyait dans la sécurité du plus doux tête-à-tête, voici le médecin, intime ami commun, qui force la consigne et voudrait emmener l’époux. Il prétexte cent choses vaines, certaine affaire à lui, pressée et importante, où le mari seul peut l’aider.