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teurs qui ont traité de l’amour et du mariage ne se soient jamais occupés de ces questions. Mais c’était justement le fond de leur sujet, tout au moins le point de départ nécessaire sans lequel ils ne pouvaient parler, raisonner qu’au hasard.

La nature, heureusement, ne se fie pas à nous pour les grandes fonctions de la vie qui la conservent. Elles s’accomplissent d’instinct et comme sous l’empire du sommeil. Notre chimie physiologique, si prodigieusement compliquée, va son chemin sans demander conseil. Il en a été ainsi de la perpétuité de l’espèce humaine, opérée par l’amour et le mariage, par la constitution de la famille. Tout cela n’a presque en rien changé, et l’homme est resté, pour ces grandes choses essentielles, dans la ligne raisonnable. La déraison ne s’est trouvée que dans les hauts esprits, les hommes de pensée et d’autorité, dans les guides de l’espèce humaine.

Exemple les économistes, les profonds politiques, qui se sont figuré pouvoir réglementer l’amour, retarder ou précipiter le cours de la fécondité. Pas un ne s’est informé de ce que c’est que fécondation. Ils ignorent que l’on a tranché la thèse Malthusienne où ils vont toujours à tâtons.

Exemple les théologiens, qui ont si merveilleusement éclairci la Conception sans connaître ce que c’est que conception. Exemple les casuistes, qui ont