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VI

TU QUITTERAS TON PÈRE ET TA MÈRE


Les adieux de Sakontala à la maison natale, à ses sœurs, à ses fleurs, aux oiseaux favoris, aux animaux chéris, ce n’est pas là une vaine comédie, c’est la nature humaine. On a désiré, et on pleure ; on a compté les jours, et, le jour venu, c’est trop tôt.

Elle sent bien alors tout ce qu’il fut, ce nid qu’il faut quitter, combien suave et doux. Cette belle table de famille, cette couronne de jeunes frères et sœurs, qui l’adoraient, la faiblesse de son père, sévère pour tous et désarmé pour elle, une personne enfin, unique, attendrissante, la victime réelle en cette immolation, la pauvre mère, qui se contient si bien et ne pleure presque pas… Oh ! c’est trop pour la jeune fille !