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pour elle. Consultez-la. Je parie qu’elle n’a pas tant peur que vous. Et, au fond, elle a raison d’être courageuse. Ces âmes-là, au premier essor, peuvent paraître excentriques par l’excès de leurs qualités. Mais il faut qu’il y ait trop pour qu’un jour il en reste assez. Mûries bientôt elles arrivent à la véritable force. Ce sont elles qui, ménagées, donneront l’idéal humain, de l’énergie dans la sagesse.




Voici nos jeunes gens rapprochés. J’aimerais à m’arrêter sur ce moment ravissant, agité, inquiet. Au reste, cela ne se dit guère. On est toujours trop au-dessous. On n’en saisit que la surface, le joli débat, ce doux semblant de dispute où se joue l’amour. Il tient un peu de la guerre, et dans une foule d’espèces, on ne s’approche qu’en tremblant. Il en est ainsi de la nôtre. L’allure vive de la force étonne un peu la demoiselle. Et, d’autre part, le jeune homme, pour peu qu’il aime vraiment, est dans une crainte extrême qu’on ne se moque de lui.

À tort. La femme, la vraie femme, est trop tendre pour être moqueuse. Notre demoiselle surtout, élevée comme on a vu, n’est nullement la bavarde, l’effrontée Rosalinde de Shakspeare ; — pas davantage la rieuse étourdie, à tête vide, qu’on voit trop