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Le seul homme qui ait quelque chance de stabilité en ce monde, c’est celui dont la forte main en fait le renouvellement, celui qui le crée, jour par jour ; — et, détruit, pourrait le refaire.

Les hommes qui ont cette action, qui, dans l’art ou dans la science, dans l’industrie, dans les affaires, opèrent avec cette énergie, — peu importe qu’ils formulent leur credo, — ils en ont un.

Ils ne sont plus dans les brouillards du vieux fantastique, qui doutait des réalités et ne donnait foi qu’aux songes. Ils croient fortement que ce qui est, est.

« Belle merveille ! » direz-vous. Oui, madame, belle, et très-récente. C’est la foi aux choses prouvées, c’est la foi dans l’observation, dans le calcul, dans la raison.

Voulez-vous savoir le secret du crescendo de l’activité moderne, qui fait que, depuis trois cents ans, chaque siècle agit, invente, infiniment plus que le siècle qui précède ? Cela tient à ce que, sous nos pieds, s’affermit la certitude. La vigueur de notre action augmente par la sécurité que nous donne un sol plus solide. Au seizième, Montaigne doutait. Je l’excuse encore ; l’ignorant ne soupçonnait pas l’affermissement d’esprit que donnaient déjà les grands précurseurs. Pascal, au dix-septième, douta parce qu’il voulait douter ; par Galilée