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lopper le jeune homme, d’en faire tout ce qu’elle voudra. Elle deviendrait maîtresse absolue du futur ménage, elle débarrasserait sa fille des influences tyranniques de sa nouvelle famille. Elle lui ferait, jour par jour (que ne peut une femme d’esprit ? ), un bon mari, doux, docile. Lui confier la chère idole, avant d’être sûre de lui, cela lui semble impossible. Il faut le conquérir, ce gendre. Et la voilà jeune encore, qui, à l’étourdi, se lance dans d’imprudentes coquetteries. Elle croit pouvoir s’arrêter, se retirer à volonté. Qu’arrive-t-il ? Il perd la tête, parfois veut des choses insensées, ou bien s’éloigne et se retire. Cependant le mariage est annoncé, déjà publié, la demoiselle compromise. Comment se tirer de là ?…

Est-ce un roman que je fais ? Non, c’est ce que j’ai vu plus d’une fois, et ce que l’on voit fréquemment. La mère aime tant sa fille que, pour la bien marier, il lui arrivera de subir les plus étranges conditions. Déplorable arrangement qui bientôt les laisse tous trois pleins de tristesse et de dégoût.




Les plus sages, les plus raisonnables, ont presque toutes ce défaut de chercher, de choisir un gendre, comme pour elles, et non pour leurs filles,