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l’associe au progrès, il faut préférer l’étrangère (je ne dis pas l’inconnue).

Il faut, dis-je, la préférer en deux cas où on la connaît mieux que la parente même.

Le premier cas est celui que j’ai posé au livre de l’Amour, lorsqu’on se crée soi-même sa femme. C’est le plus sûr. On ne connaît bien que ce qu’on a fait. J’en ai sous les yeux des exemples.

Deux de mes amis, l’un artiste éminent, l’autre écrivain distingué, fécond, ont adopté, épousé deux jeunes personnes toutes neuves, sans parents, sans culture aucune. Simples, gaies, charmantes, uniquement occupées de leur ménage, mais associées peu à peu aux idées de leurs maris, elles ont, en dix ou douze ans, eu leur transformation complète. Même simplicité extérieure, mais ce sont intérieurement des dames de vive intelligence, qui comprennent parfaitement les choses les plus difficiles. Qu’a-t-on fait pour arriver là ? Rien du tout. Ces hommes occupés et extrêmement productifs, n’ont donné à leurs femmes aucune éducation expresse. Mais ils ont pensé tout haut, à toute heure communiqué leurs sentiments, leurs projets, l’intention de leurs travaux. Et l’amour a fait le reste.

Le succès n’est pas toujours le même, je le sais. Un de mes parents échoua dans une semblable tentative. Il se choisit pour femme une enfant créole,