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bonnaireté, lui rendent la vie fort douce, quoique peut-être un peu monotone. L’enfant (s’il y a enfant) ne vit pas toujours. Le plus souvent il est faible, agréable. Rarement il conserve l’étincelle paternelle. Ni Français, ni Allemand, il devient européen.

Je demandai un jour à un très-habile jeune homme qui dressait des oiseaux savants à lire et à calculer, si ses petits héros n’étaient pas ainsi surélevés au-dessus de leurs espèces par des croisements habiles, s’ils n’étaient point des métis ? « Au contraire, dit-il, ils sont de race très-pure, non mêlés, non mésalliés. »

Ceci me fit réfléchir sur la tendance actuelle que nous avons aux croisements, et sur la croyance, souvent inexacte, que le métis, cumulant les dons des deux éléments simples, est nécessairement supérieur.

Entre ceux de nos grands écrivains que j’ai pu connaître, trois seulement sont des métis. Six sont de très-purs Français. Et encore les trois métis n’étant pas étrangers de père, mais seulement de grands-pères, ont trois quarts d’éléments français, une très-forte prédominance de la sève nationale.