Page:Michelet - La femme.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dites-lui, en effet, si elle aime : « Sans doute, ce préféré, vous l’avez cru le plus digne ? Vous aurez découvert en lui quelque chose de bon, de grand ? » — Elle dira naïvement : « Je l’ai pris, parce qu’il m’a plu. »

En religion, elle est la même. Elle fait Dieu à son image, un Dieu de préférence et de caprice, qui sauve celui qui lui a plu. L’amour lui semble plus libre quand il tombe sur l’indigne, celui qui n’a pas de mérite pour forcer de l’aimer. En théologie féminine, Dieu dirait : « Je t’aime, car tu es pécheur, car tu n’as pas de mérite ; je n’ai nulle raison de t’aimer, mais il m’est doux de faire grâce. »




Oh ! que je remercie le père de lui enseigner la justice, à celle-ci ! c’est lui enseigner l’amour vrai. Je le remercie au nom de tous les cœurs aimants qui bientôt seront troublés d’elle, dépendront de sa jeune sagesse, attendront l’arrêt de sa bouche. Qu’ils sachent bien qu’éclairée ainsi elle n’appartient qu’au plus digne, au méritant et au juste, à l’homme surtout des œuvres fortes où son père lui apprend à voir la haute beauté, je veux dire la justice héroïque.