Page:Michelet - La femme.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.

certée : « Monsieur, cela est facile… La plupart sont orphelins ; trouvez quelques bonnes gens, sans enfants, qui veuillent bien recueillir celui-ci. Il a cinq ans. Je ne puis le consoler… Oh ! il lui faut une mère, mais qui le soit tout à fait. J’ai beau faire, je suis trop jeune, trop loin de l’âge qu’avait sa mère quand il l’a perdue… »




Il y a beaucoup d’hommes du monde, pour sentir cela un instant, pour admirer en artiste la grâce d’expression ou de pose que peut avoir la demoiselle. Mais il n’y en a pas beaucoup pour s’y associer de cœur, et en garder la durable et solide impression. La vie est variée, mobile ; elle les emporte bien loin ! Tout au plus diront-ils le soir : « J’ai vu une chose charmante ce matin… C’était mademoiselle***, un vrai tableau d’André del Sarte. Rien de plus joli… »

Elle sait très-bien elle-même ce que valent ces admirateurs, le peu de compte qu’on doit faire de leurs légères émotions. D’autant plus elle se rejette au saint des saints de la famille, d’autant mieux elle s’y trouve et désire bien peu d’en sortir. Chaque fois qu’elle entrevoit le monde, elle sent plus profondément la douceur de ce nid.