Page:Michelet - La femme.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’estimera par ses actes, par le cœur et la bonté. Elle n’aimera qu’à bon escient, s’arrêtant moins au dehors, mais voulant savoir le fonds : ce qu’on fait et ce qu’on peut.




Supposez que par hasard il entre là un jeune homme, qu’il la surprenne avec sa mère dans ces saintes fonctions. Les enfants, un peu effarés de l’entrée du beau monsieur, se serrent, se groupent autour d’elle, derrière sa chaise, à ses genoux et jusque dans ses vêtements, d’où, rassurés, ils regardent et montrent leurs têtes charmantes. Elle, surprise et souriante, quoiqu’elle rougisse un peu, croyez-vous qu’elle va aller se réfugier sous sa mère ? Non, elle est mère elle-même, occupée de les rassurer, plus occupée d’eux que de l’étranger. C’est lui qui se trouble, il voudrait se mettre à genoux, voudrait leur baiser les mains. Il n’ose aborder la fille. Il va à la mère : « Ah ! madame, quelle douce vue ! Charmante scène ! Comment vous dire combien mon cœur vous bénit !… »

Puis il dit à la jeune fille : « Heureux, heureux, mademoiselle, qui pourrait vous seconder !… Mon Dieu, que pourrais-je faire ? »

Mais elle, tout à fait remise et nullement décon-