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reux enfants qui seront dans ces douces mains ! Et combien plus heureux encore, l’amant qui va recevoir le plus divin des dons du ciel.

Madame Necker est du même avis. Elle sent a qu’on ne peut préparer l’épouse qu’en la faisant d’abord mère. »




Ces pauvres petits qui n’ont rien, que de choses ils peuvent donner à la demoiselle ! Ils lui donneront d’abord la connaissance de la vie, des réalités, des misères, lui feront voir le monde au vrai. Ils lui affermiront le caractère, lui feront perdre les mauvaises délicatesses. Elle ne sera pas la bégueule, la dégoûtée, la renchérie, qu’on rencontre à chaque instant. Elle deviendra adroite, courageuse, sentira l’humanité sainte et la dignité de la charité, n’aura pas les sottes pudeurs de celles qui n’en valent pas mieux ; on la verra calme et noble faire les choses les plus vulgaires, nourrir, laver, habiller, déshabiller, au besoin, ces innocents.

Une demoiselle sérieuse qui a ainsi tout à la fois et l’idéal de l’étude et le réel de la vie, s’affermit par l’un et par l’autre et prend un bon jugement. Plus tard elle n’estimera pas un Monsieur sur ses gants jaunes, ou sur ses chevaux, ses voitures. Elle