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tout autour d’une électricité charmante. Sous les forêts de l’Équateur, l’amour, chez des myriades d’êtres, éclate par la flamme même, par la magie des feux ailés dont sont transfigurées les nuits. Naïves révélations, mais non plus naïves que le charme innocent, timide de la vierge qui croit cacher tout. Une adorable lueur émane d’elle à son insu, une voluptueuse auréole, et justement quand elle a honte et qu’elle rougit d’être si belle, elle répand autour d’elle le vertige du parfum d’amour.




Ô chère enfant, je ne veux pas, je ne peux te laisser ainsi ! Tu passerais comme une lampe. À cette dangereuse fièvre où tu te consumerais, il faut en mêler une autre, qui fera diversion. Une dévorante puissance est en toi, mais je m’en vais lui donner un aliment. J’aime mieux tout, fille chérie, que te voir brûler solitaire. Reçois de moi un cordial, une flamme qui guérit la flamme. Reçois (c’est ton père qui verse) l’amertume et la douleur…

Abritée de notre amour, enfermée de ta pensée, de ton travail, tu ne sais guère ce qu’est le travail du monde, l’immensité de ses misères. Sauf un regard sur l’enfant qui pleure et sitôt se console, tu n’as pu soupçonner encore l’infini des maux d’ici--