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mage d’Apollon, d’Hercule, emprunte l’énergie du second, la svelte élégance de l’autre, sa haute harmonie, ou les puissances méditatives de la Minerve d’Athènes.

Les Grecs naissaient-ils tous beaux ? On serait bien fou de le croire. Mais ils savaient se faire beaux, « Socrate naquit un vrai satyre. Mais, du dedans au dehors, il se transforma tellement, par cette sculpture de raison, de vertu, de dévouement, il refit si bien son visage, qu’au dernier jour, un Dieu s’y vit, dont s’illumina le Phédon. »




Entrons dans cette grande salle où l’on voit au fond le colosse de la Melpomène, et, sans aller jusqu’à elle, arrêtons-nous un moment devant celui de la Pallas. C’est une sculpture des temps romains, mais copiée d’une Pallas grecque, de celle de Phidias peut-être. On y trouve précisément l’expression des figures connues de Périclès, de Thémistocle. Pour la nommer de son vrai nom, c’est la pensée, c’est la sagesse, ou plutôt la réflexion.

Réfléchir, c’est retourner sa pensée vers elle-même, la prendre pour son propre objet, la regarder comme en un miroir. Il faut fictivement qu’elle se double, et que la pensée regardante fixe la pen-