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livre me va. L’homme y tombe, se relève, et c’est pour tomber encore. Que de chutes ! Comment ferais-je pour expliquer tout cela à ma chère innocente ? Puisse-t-elle ignorer longtemps le combat de l’homo duplex ! Ce n’est pas que ce livre-ci aie l’énervante mollesse des mystiques du moyen âge. Mais il est trop orageux, il est trouble, il est inquiet.




Une des causes encore qui me feront hésiter de faire trop tôt cette lecture, c’est la haine de la nature qu’expriment partout les juifs. Ils y craignent visiblement les séductions de l’Égypte ou de Babylone. N’importe. Cela donne à leurs livres un caractère négatif, critique, de sombre austérité, qui pourtant n’est pas toujours pure. Dispositions toutes contraires à celles que je veux chez l’enfant, qui ne doit être qu’innocence, gaieté et sérénité, sympathie pour la nature, spécialement pour les animaux que les juifs fort cruellement nomment d’un vilain nom : les velus. Puisse ma petite avoir plutôt le doux sentiment du haut Orient qui bénit toute vie.

Ma fille, lisons ensemble, dans la bible de la lumière, le Zend-avesta, la plainte antique et sacrée