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C’est partout une transparence, une sérénité merveilleuse, une gaieté héroïque qui gagne et fait rire l’esprit.

Dans les poëmes et drames indiens, modernes relativement en comparaison des Védas, il y a mille choses qui raviraient l’imagination de l’enfant, charmeraient son cœur de fille !… Mais je ne suis pas pressé. Tout cela a la chaleur languissante de l’heure de midi. Ce monde de ravissants mensonges a été rêvé sous l’ombre des forêts fascinatrices. À son amant bienheureux, je laisse la volupté de lui lire Sakountala sous quelque berceau de fleurs.

C’est le soir, c’est dans la nuit, que semblent avoir été écrits la plupart des livres bibliques. Toutes les questions terribles qui troublent l’esprit humain y sont posées âprement, avec une crudité sauvage. Le divorce de l’homme avec Dieu, et du fils avec son père, le redoutable problème de l’origine du mal, toutes ces anxiétés du peuple dernier-né de l’Asie, je me garderai d’en troubler trop tôt un jeune cœur. Que serait-ce, grand Dieu ! de lui lire les rugissements que David poussait dans l’ombre, en battant son cœur déchiré des souvenirs du meurtre d’Uri ?

Le vin fort est pour les hommes et le lait pour les enfants. Je suis vieux et ne vaux guère. Ce